La mutation du gène MDR1 et ses risques médicaux chez le chien
Le berger australien, est prédisposé à une mutation génétique qui les rend intolérants à plusieurs médicaments, notamment à certaines familles d’antiparasitaires.
La mutation MDR1 est une anomalie génétique fréquente chez le berger australien. Elle mérite d’être connue pour prévenir le propriétaire des risques et favoriser le dépistage.
En tant qu'éleveurs, on essaie autant faire ce peu, de ne faire se reproduire que des individus sains (+/+) cependant certains individus porteurs sains (+/-) ou homozygote muté ont des arguments qui plaident en leur faveur pour ce qu'ils peuvent apporter à la race.
Les gènes MDR, pour Multidrug resistance (multirésistance aux molécules), sont connus depuis des années. Ils codent pour des protéines reconnues comme responsables de résistance à certains traitements.
La mutation de ce gène provoque une perte de plus de 90 % de la glycoprotéine P. Celle-ci ne réalise alors plus sa fonction de transporteur membranaire et entraîne une modification du métabolisme de certaines molécules avec l’apparition de signes de toxicité plus ou moins graves.
Chez les mammifères, la glycoprotéine P est présente à des degrés différents dans les tissus suivants : capillaires de la barrière hémato-encéphalique, cellules du tube digestif, cellules du placenta, cellules rénales et canalicules biliaires. Elle participe à la protection de l’organisme en permettant l’évacuation des médicaments des cellules, ainsi qu’en augmentant l’excrétion de substances au niveau rénal, biliaire et intestinal.
Lorsque la glycoprotéine P est absente ou non fonctionnelle, certaines molécules (par exemple l’ivermectine) ne sont plus évacuées du système nerveux central et s’accumulent jusqu’à provoquer des symptômes neurologiques, un coma, puis la mort.
De même, d’autres médicaments vont voir leur absorption intestinale accrue et leur élimination diminuer, provoquant un taux plasmatique trop élevé et une toxicité par accumulation.
Chez les chiens sensibles, l’intoxication aux molécules concernées par la mutation du gène MDR1 survient le plus souvent dans des circonstances accidentelles, soit par l’ingestion d’un médicament laissé à la portée du chien et non destiné à celui-ci, soit à la suite d’une automédication par les propriétaires. Il importe donc de prévenir ceux qui détiennent des chiens de races prédisposées de l’éventualité d’une intolérance médicamenteuse de leur animal, mais aussi de toujours demander la race du chien au client lors de la vente au comptoir des médicaments pouvant être délivrés sans ordonnance (certains vermifuges comme la milbemycine, notamment).
L’intolérance au traitement se manifeste par des signes cliniques apparaissant le plus souvent dans les 48 heures qui suivent l’administration. Les principaux symptômes sont des troubles du système nerveux central, dominés par des troubles locomoteurs (ataxie, parésie ou paralysie), une dépression du système nerveux central (prostration voire coma) ou une stimulation neuromusculaire (tremblements). L’animal présente également des troubles oculaires (mydriase, cécité/amaurose) et digestifs, avec une hypersalivation, des vomissements, des régurgitations et de l’anorexie. Les troubles nerveux sont, de loin, les plus fréquents, suivis par les troubles digestifs
On estime que plus de la moitié des bergers australiens sont porteurs et La plupart des élevages sensibilisent désormais les futurs propriétaires au risque lié à la mutation, en distribuant des documents informatifs ou en réalisant les tests de dépistage avant même la vente de l’animal. En outre, quand cela est possible, ils tentent de diminuer l’importance de l’anomalie en choisissant de ne faire reproduire que les chiens homozygotes normaux. Cette sélection génétique, encouragée par les clubs de race, prendra cependant du temps et il faut s’attendre à voir encore au quotidien des chiens homozygotes mutés ou de statut inconnu. La vigilance reste donc de mise pour le choix des traitements dans ces races.